INTENTION

Neurofy :

Repenser la conscience et la réalité par l’expérience collective

Les avancées des neurosciences nous invitent aujourd’hui à reconsidérer notre compréhension de la réalité et la manière dont nous la percevons. Cette évolution conceptuelle ouvre des perspectives novatrices pour aborder la souffrance psychique, qu’elle soit identifiée comme un trouble psychiatrique, ou vécue comme un mal-être diffus. Neurofy s’inscrit dans ce paysage théorique en pleine redéfinition.

Au quotidien, notre expérience du monde n’est pas une simple fenêtre passive sur une réalité extérieure fixe. Elle constitue plutôt une construction dynamique, profondément liée à notre fonctionnement cérébral, sans s’y réduire nécessairement. La réalité est un résultat, le moment où cette construction prend forme, comme fin et résultat de la pensée. Neurofy s’intéresse  à ce que l’on peut appeler “des perturbations” dans la perception de la réalité, du simple mal être dont nous avons conscience, ainsi que les troubles plus graves sont décrits sous la forme de symptômes, maladies complexes à partir des phénomènes observés le DSM, psychopathologies de l’activité de la conscience, etc…

Mais `Qu’est-ce que la réalité ? Et que signifient ces termes que nous employons – déréalisation, troubles, dissociation ? Derrière ces mots, quelles expériences se cachent-elles ? Comment accompagner des personnes vivant avec ce qu’on appelle des « pathologies » ? Leur souffrance naît souvent d’un rapport singulier à la réalité. Face à cette souffrance, Neurofy propose une approche différente, un accompagnement repensé.

Qu’est-ce que Neurofy ?

Neurofy se veut être une danse, un mouvement ,une sorte de gymnastique  de la pensée et du corps , une approche complémentaire qui vise à soulager la souffrance d’être pour certains. Et si les troubles psychiatriques, psychologique ,le mal être n’étaient pas uniquement des dysfonctionnements individuels qui entraîneraient des perturbations dans notre rapport à la réalité , mais plutôt l’inverse où des perturbations dans nos moyens de construire la réalité et d’échanger avec le monde entraineraient des troubles  ?

Neurofy s’appuie sur une convergence interdisciplinaire, neurosciences, physique quantique, philosophie, psychologie, pour proposer une expérience : une pratique psycho-corporelle collective qui transforme notre rapport au monde. Cette convergence interdisciplinaire se propose d’offrir un cadre conceptuel pour comprendre l’interaction entre la conscience individuelle, le collectif et les conséquences de ces rapports sur la nature même de ce que nous nommons réalité.

Commençons par le plus évident : tout est de la pensée, le monde et tout ce qu’il contient sont la manifestation de la division de cette pensée. Toutefois, la pensée ne peut pas se définir elle-même. Aussi cette pensée est-elle difficile à penser. Il semble donc logique de partir de la première pensée qui vient à l’esprit : la réalité. Mais comment émerge la réalité dans notre pensée ? Quand on pense, on pense d’abord la réalité. L’action même de penser, c’est de penser le réel. Au moment où la réalité émerge la pensée se termine, la réalité est la fin de la pensée. Cette pensée est la pensée commune à tous , au genre humain , la somme , mais elle n’est pas encore pensée déterminée,  conscience. 

La réalité est une hypothèse, un réflexe permanent d’interprétation de notre activité perceptive.  Neurofy postule que le monde demeure à l’état de « possibles » jusqu’à ce que notre activité perceptive sélectionne et fige l’un de ces possibles dans une manifestation concrète. C’est lorsqu’une intention se détermine parmi toutes les autres qu’elle mène à l’action. Le possible qui se réalise à ce moment devient alors notre réalité. Ce qui devient notre réalité est le résultat de ce processus, figeant une infinité d’autres potentialités, qui toutes en étant supprimées se conservent en tant que possibles.

La réalité est donc une construction dynamique qui émerge de notre activité perceptive – cette manière dont  la conscience individuelle se saisie de  la pensée et nous fait aller vers le monde et fait venir le monde vers nous . Cette pensée se retourne sur elle même et devient conscience en prenant une forme un motif : celui de votre corps. Ainsi de la proprioception, cette conscience immédiate de notre corps dans l’espace, qui nous fait créer et habiter l’espace et le temps. C’est à partir de cette sensation première que se construit le rapport au monde, le sentiment d’être au monde.

Une conscience interconnectée

Mais notre conscience n’est pas isolée. Elle s’inscrit dans un champ collectif où circule constamment de l’information. Chaque échange avec autrui, chaque interaction, façonne et refaçonne notre expérience de la réalité. C’est dans cette perspective que nous relisons les troubles psychiatriques. A chaque instant, on se sépare des autres et du monde et à chaque instant on y revient, entre dissolution et singularité.

Ainsi, avant que l’émotion et le récit ne surgissent, le monde (notre pensée), c’est-à-dire l’espace-temps que nous habitons, est peuplé par les « autres » et leurs activités. Cet espace et ce temps contiennent la conscience comme activité qui prend « corps » et se manifeste comme notre « corps », mais ce monde contient aussi toutes les autres consciences et tous les autres « corps » qui prennent forme comme un projet à réaliser : le genre humain. C’est-à-dire aboutir à la communication, l’échange total, unifié, pour se ressaisir de la totalité de l’échange et non pas de la totalité du monde de la conscience.

Les troubles psychiatriques et le flux informationnel. 

Neurofy postule que la conscience individuelle fait partie d’un champ informationnel construit par des interactions d’événements. La conscience individuelle prise dans ce champ contribue à créer une réalité. Lorsque ce champ informationnel est perturbé, alors notre perception de la réalité s’en trouve affectée. Les troubles psychiatriques pourraient être vus comme des perturbations dans ce flux d’informations. Ce qui se passe dans une conscience individuelle peut aussi affecter d’autres consciences, suggérant une interconnexion plus large que ce que nous percevons habituellement. Neurofy explore l’idée qu’un travail collectif peut aider à restaurer ce champ d’information. Cette approche considère que les problèmes ne sont pas isolés dans une seule conscience, mais font partie d’un système plus vaste d’interactions et d’influences mutuelles. La recherche se concentre sur ce continuum de conscience et sur les moyens de résoudre les perturbations qui s’y produisent. Le champ informationnel d’échange crée une géométrie particulière, une topologie de la perception dissimulée dans les replis de l’échange. C’est dans la saisie de cette forme et dans leur maîtrise que Neurofy se propose d’intervenir. 

L’amplification par le collectif. 

L’échange qui est, avant tout autre besoin (comme se nourrir ou se reproduire), la nécessité première, se heurte au mur qui sépare la conscience individuelle du champ des autres consciences.  Cette nécessité de l’échange c’est le besoin irrépressible, de communiquer avec l’autre pour créer un espace commun qui résolve la tension entre notre solitude et l’indétermination du monde. Ce qui apparaît (le phénomène ) contient donc ainsi notre désir d’être dans l’espace et le temps pour rejoindre les autres, pour rendre cet échange collectif.

Mais le collectif,  les autres,  le mouvement vers l’autre comme expérience humaine première ne peut exister sans ce qui l’empêche :  la « distance » – cet espace physique et psychologique qui nous sépare des autres et du monde, source d’appréhension.

Quand il y a accumulation d’informations, la quantité provoque un changement, une évolution.vers quelque chose de nouveau. Et ce changement nous fait entrer dans un nouvel univers de formes. Un nouveau système se construit et émerge, entraînant des changements physiologiques. Plus les échanges d’informations varient en quantité et en qualité, plus les changements deviennent possibles et les possibles deviennent réalité. Dans la pratique , l’expansion du champ informationnel et l’intensification des échanges provoque une mutation qualitative. Le collectif amplifie et dégage les motifs des événements, provoquant une reconfiguration de la perception de la conscience individuelle.

Cette approche explore la géométrie de l’échange. Elle observe comment les interactions créent des formes et des motifs perceptifs spécifiques. La reconfiguration de la perception s’opère par l’intensification de l’échange qui peut provoquer des mutations qualitatives, ouvrant de nouvelles possibilités perceptives et relationnelles. Cet échange d’information qui s’exprime individuellement s’exprime alors collectivement dans l’immédiateté du mouvement.

L’espace 

Pour le mouvement ontologique de Neurofy, l’espace est une fonction, c’est la possibilité de l’action. C’est une proposition inverse de la conception habituelle selon laquelle l’espace préexiste à l’action, selon laquelle il est un contenant vide dans lequel les actions prennent place. Pour Neurofy, l’espace est constitué par le champ des actions possibles de notre activité. Les dimensions de cet espace sont définies par nos capacités d’interaction avec l’environnement.

Réciproquement, la possibilité de l’action est une fonction de l’espace. Les potentialités d’action sont déterminées par la configuration spécifique de l’espace perceptif et relationnel dans lequel nous sommes immergés. L’espace définit le champ des actions possibles, tandis que les actions redéfinissent continuellement l’espace.

Cette conception dynamique de l’espace action permet de comprendre comment le trouble psychiatrique ou psychologique altère l’espace et le temps vécu, comment il modifie fondamentalement le champ des actions possibles, rétrécissant certaines dimensions en dilatant d’autres, créant des distorsions dans la géométrie existentielle de la personne. Une des pistes pour agir sur ce trouble constituerait à reconfigurer cet espace d’action pour ouvrir de nouvelles possibilités d’être et d’agir.

Le temps

Les Grecs anciens avaient deux mots pour désigner le temps. Chronos, c’était le temps qui passe de manière linéaire, seconde après seconde, prévisible et uniforme. Mais ils avaient aussi Kairos, le temps qualitatif, le moment opportun, cet instant précis où quelque chose de nouveau devient possible. Dans la médecine grecque antique, le kairos désignait ce moment critique dans l’évolution d’une maladie où une intervention pouvait tout changer. La crise, qu’elle soit anxieuse, psychotique, ou simplement ce moment de mal-être aigu,  n’est plus seulement un problème à résoudre. Elle peut être vue comme un moment kaïrotique. Dans ce moments se produit un changement de temps – une rupture dans la temporalité habituelle. C’est là, précisément, que peuvent émerger de nouveaux possibles. Comment se donner  et donner les moyens de mesurer ce moment rétrospectivement ? Nous proposons d’essayer d’ identifier  ces catastrophes ,  ces points de bifurcation où un système peut basculer vers un nouvel état d’équilibre.

La danse ontologique

Il est permis de penser qu’une forme de stabilité de notre être est liée au commencement même de l’univers et de l’organisation des motifs vitaux qui ont émergé de cet événement. L’organisation de ces motifs vitaux est en correspondance directe avec la basse entropie, première de notre univers. Au niveau biologique, cette basse entropie correspondrait au modèle d’organisation qui émerge durant le développement embryonnaire et les premières années de vie. Ces motifs invisibles constituent une mémoire corporelle des états d’équilibre optimale accessibles par certaines pratiques somatiques. Turing a démontré comment des systèmes initialement homogènes peuvent spontanément générer des structures spatiales complexes et ordonnées par l’interaction de deux substances chimiques – un activateur et un inhibiteur – se diffusant à des vitesses différentes – uniquement par l’interaction de ces deux processus antagonistes. Cette brisure de symétrie, qui fait passer le système d’un état homogène à un état structuré, est au cœur de la formation des formes biologiques, du développement embryonnaire aux motifs de pigmentation des animaux.

Quand ces deux processus interagissent, ils créent naturellement des rayures ou des taches, sans qu’aucun plan directeur ne dicte où chaque marque doit apparaître. Le motif émerge spontanément de l’interaction. Ces mêmes principes peuvent s’appliquer à la formation de notre système nerveux, de notre corps, et même de nos schémas de perception et d’action. Avant la naissance, puis pendant les premières années de vie, des motifs complexes se sont établis dans le corps et le cerveau. Ces motifs déterminent aujourd’hui comment chacun de nous perçoit le monde.

La maladie de l’être pourrait être liée à une augmentation progressive de l’entropie dans ses modèles fondamentaux, s’ajoutant aux contingences destructrices quotidiennes du milieu environnant. L’augmentation progressive de l’entropie dans ses modèles fondamentaux entraînerait une perte de cohérence dans l’organisation psychosomatique. L’accélération ponctuelle de cette entropie, due à des causes extérieures intolérables, déclencherait des pathologies plus importantes. La décélération de cette entropie serait alors un facteur de rétablissement de la maladie de l’être, correspondant à l’augmentation de l’entropie générale. Certaines stimulations de fonctions archaïques comme le système extrapyramidal ou le système vagal, peuvent restaurer ce modèle oublié. On peut alors parler d’une danse comme un mouvement qui ralentit la désorganisation grandissante de l’être. 

L ‘écologie de l’attention contre la captation industrielle.

Une gymnastique de la pensée dont l’une de ses manifestations est le corps prendra dans notre pratique la forme d’une danse. Une danse qui vise à travailler sur les motifs invisibles qui sous-tendent la souffrance. La danse ontologique de Neurofy peut être définie comme une actualisation créative des potentialités latentes du corps, comme une écologie de l’attention offrant une alternative à la captation industrielle de nos facultés perceptives par notre environnement. Cette actualisation suggère que la danse, en restaurant des motifs cachés dans la mémoire corporelle, peut, littéralement, réécrire le passé pour modifier les trajectoires futures.. 

Une technologie de la présence

Pour Neurofy, il ne s’agit pas de traiter les symptômes par le mouvement, mais de réactiver les processus fondamentaux d’auto-organisation du vivant.  La danse devient ici une technologie de la présence qui permet d’accéder aux strates archaïques de l’organisation corporelle. Quant à la perception de la réalité et la façon dont nous la construisons, la danse devient aussi un moyen d’accéder à ce que la pensée conceptuelle ne peut pas saisir: la structure dynamique et vivante de l’interaction entre les différents espaces de conscience. La géométrie complexe de l’échange informationnel devient alors non plus un concept abstrait, mais une réalité vivante et transformatrice.

Cette expérience de la danse proposée par Neurofy sera celle d’une pratique de la conscience, comme une activité de notre corps, qui donne à la conscience les moyens d’accéder à d’autres informations de la réalité.

Aperçu d’un programme : Activité perceptive – regard. Alternance de la perception visuelle /rupture et continuité. De l’intention : la dépense du corps dans différents espaces. L’autre et les autres comme machine miroir. Aller-retour : schéma corporel/représentation spatiale… 2D/3D … Motifs corporels : L’Onde Homéostatique/la Résonance de Champ/Le Trajet Volontaire/La Boucle de Résonance.
Mourad BELEKSIR/Anna HELD ©2025